POÉSIE
Sergueï Stratanovski
Les Ténèbres diurnes
Traduction du russe de Henri Abril
ISBN : 978-2-84242-415-2
17.00 €
Présentation
Sergueï Stratanovski, né à Léningrad en 1944, s’est affirmé dès les années 1970 comme une des voix marquantes de la poésie « souterraine », parallèle au champ littéraire adoubé par le régime. Pour cette raison, il sera longtemps interdit de publication, son premier livre n’ayant pu voir le jour qu’en 1993. Aujourd’hui, des ouvrages de lui ont paru en polonais, anglais, italien, lituanien et d’autres langues, et il a obtenu dans son pays, en 2010, la consécration poétique majeure : le prix Andreï Biély. Le florilège proposé ici au lecteur francophone recouvre toutes les périodes et facettes d’une œuvre singulière qui, se tenant à l’écart des courants conceptualiste et métamétaphorique de la poésie russe fin de siècle, tente de décrire sans fioritures la réalité ambiante – agonie du pouvoir soviétique, grimaces de la nouvelles Russie, guerre de Tchetchénie – dans une langue au registre étendu, friande de néologismes nés des racines slavonnes, en parfaite consonance avec la théologie personnelle de l’auteur, plus éthico-philosophique que religieuse, comme le montrent ses surprenantes gloses bibliques en contrepoint à la « mythologie païenne » des nouvelles générations. À la suite du poème liminaire, programmatique du recueil central Ténèbres diurnes (en référence au titre anglais du célèbre roman d’Arthur Koestler), Victor Krivouline, poète et ami de Stratanovski, définit dans une postface ici reprise sa poésie comme une « pseudomorphose langagière et mentale des dernières années » . « Les ténèbres n’aveuglent plus, mais le jour est devenu meurtrier et la terreur du quotidien relie notre présent hideux à l’effroyable et tragique passé. L’“effroyable” cesse ainsi de n’être qu’une “histoire” survenue naguère à d’autres humains ; la Grande Terreur s’avère être un état historique permanent de l’âme russe, son intangible hic et nunc, et non plus seulement l’attribut de l’année 1918 ou 1937 ».