Léo Popper est un essayiste du début du xxe siècle (1886-1911), mort, jeune, de tuberculose. Après avoir reçu une solide culture musicale, il se tourne vers la peinture qu’il analyse dans sa théorie esthétique.

L’approche de l’art de Léo Popper est résolument immanente. L’importance accordée à la technique, aux matériaux et aux aspects pratiques du travail artistique, l’amènent à reconsidérer les grandes catégories de la pensée de l’art de l’école viennoise : l’ornement (Riegl), la beauté fonctionnelle (Loos), la différence entre abstraction et empathie (Worringer), la différence entre talent et génie (Weininger). Loin de tout psychologisme, il réélabore une conception de la « forme » en art. Un autre aspect important de la pensée de Popper, qui émerge de ses essais, est la dimension proprement éthique qui soutient toute œuvre d’art moderne : le Kitsch est le symbole de cette réversibilité du moderne. L’essai sur l’esthétique de l’aéroplane lui donne l’occasion de repenser les liens entre technique et art.

« Tu te souviens, j’ai dit un jour que ce que je faisais, ce serait un platonisme inversé. À présent j’ai constaté ceci : c’est toi qui l’as fait; tu as fait descendre les Idées du ciel et tu les a replantées dans la terre, dans l’âme des hommes, dans le pinceau du peintre et le ciseau du sculpteur. À présent nous pouvons nous remettre à construire le palais des Idées, qui s’était effondré, parce qu’il était construit sur des mots. », Lettre de Georges Lukács à Léo Popper