POÉSIE : Poésie de Corée
Hyesoon Kim
Autobiographie de la mort
Traduit du coréen par Moduk Koo
et par Claude Murcia
ISBN : 978-2-84242-447-3
96 pages
12.00 €
Présentation
Du même auteur
Un jour en 2015, Kim Hyesoon s’effondra dans une station de métro à Séoul. Souffrant d’une maladie, elle se rendit dans un hôpital. Mais à cause du syndrome respiratoire du Moyen-Orient (MERS) qui se propageait à l’époque dans son pays, elle dut changer sans cesse d’hôpital, ce qui aiguisait sa souffrance. « Quand j’écrivais, dit-elle, les quarante-neuf poèmes de ce livre, j’étais gravement malade. La mort était devant, derrière et dans ma tête. Comme si je vivais dans les limbes, j’ai passé des journées entières dans la souffrance. […] Y aurait-il quelque chose de plus solitaire que la souffrance ? Plus solitaire que la mort ? Cet arbre ne me connaît pas. Cette pierre ne me connaît pas. Cette personne ne me connaît pas. Tu ne me connais pas. Je ne me connais pas non plus. Je voulais mourir avant que ma mort n’arrive ».
Toutefois, la poésie de Kim Hyesoon n’exprime pas seulement une souffrance personnelle. En réalité, elle est très liée à des traumatismes collectifs : « Dans mon pays, beaucoup de gens sont morts en manifestant contre les autorités ou ont été accusés à tort. J’écrivais des poèmes lorsqu’il arrivait des événements insupportables pour nous tous les Coréens. A chaque fois que la mort surgissait autour de moi ou en moi-même. Mais pourquoi dans notre pays le fait de ne pas être mort est-il ressenti comme une humiliation ? Le titre initial du livre était Séoul, le Livre des morts. Puis je l’ai appelé La Plage du cœur. Je n’arrêtais pas de changer le titre. En fin de compte, j’ai pensé que le livre était une autobiographie de la mort. En un sens, nous vivons dans un système qui nous amène à la mort et nous sommes des survivants ».
Autobiographie de la mort est le douzième recueil de poèmes de Kim Hyesoon, publié en 2016 en Corée du Sud. Il est composé de quarante-neuf poèmes sur la mort correspondant aux quarante-neuf jours qui constituent la période de deuil dans le bouddhisme.
« Autobiographie de la mort, le dernier recueil de poèmes de Kim Hyesoon à voir le jour dans une version française, due à Koo Moduk et Claude Murcia, qui n’a certainement pas été simple à mener à bien, demande au lecteur de convoquer quelques souvenirs de lecture, ceux liés au Livre des morts tibétain.
De même que ce texte fait appel au nombre symbolique 49, les 49 jours du Bardo, c’est-à-dire l’état intermédiaire, incertain, entre la mort et la renaissance, le recueil de Kim Hyesoon est composé de 49 poèmes, décrivant les événements extérieurs ou les soubresauts intérieurs durant 49 jours. La poète était atteinte d’une grave maladie au moment où elle écrivait ce qui ressemblait à une tentative d’expérimenter les trois Bardo : le Bardo du moment de la mort, celui de l’expérience de la Réalité et celui de la recherche de la renaissance. Prenons l’orpheline du huitième jour. Il est dit : « Tu grandis en appelant la mort maman. / Tu bois du jus de mort et comptes des graines de mort. » Le onzième jour, on apprend que « la naissance est toujours une chute », « la mort est un envol ». Le vingt-deuxième jour est celui de Séoul, du livre des morts. Au quarante-deuxième jour, « ton amant mort te propose une rencontre. Il te propose une rencontre dans un café. Il te propose une rencontre dans les toilettes. Il te propose une rencontre dans un hôpital. Il te propose une rencontre dans un pays étranger… »
La Corée spectrale de Kim Hyesoon est une contrée de nulle part. La bouche d’ombre qui s’y fait entendre a des accents qui suscitent une certaine terreur, mais le lecteur traverse les 49 jours d’état crépusculaire comme subjugué par la manière dont la poète évoque notre misère, notre», Linda Lê, EaN
Kim Hyesoon, née en 1955 à Uljin, en Corée du Sud, est une des figures majeures dans la poésie coréenne contemporaine. Elle a commencé une carrière de critique littéraire en 1978. Puis ses premiers poèmes ont été publiés dans la prestigieuse revue coréenne Littérature et esprit (renommée Littérature et société depuis 1988) à la fin des années 1970, où le pays était encore sous le régime de la dictature militaire. La poétesse a publié une douzaine de recueils de poèmes et plusieurs essais. Par ailleurs, elle a reçu de nombreux prix littéraires parmi les plus importants de son pays (les prix Kim Soo-young, Kim So-wol, Midang, le prix de Poésie moderne et le prix Daesan) et a exercé une profonde influence sur la nouvelle génération des écrivains coréens des années 2000. Actuellement professeure de création littéraire à l’Institut des Arts de Séoul, elle est l’un des poètes les plus sollicités par de nombreux festivals internationaux de poésie. Plusieurs de ses livres ont été traduits dans le monde.