Ruiner les vérités sacrées

ESSAIS


Harold Bloom

Ruiner les vérités sacrées

Poésie et croyance de la Bible à  aujourd'hui

Traduit de l’anglais par Robert Davreu



ISBN : 978-2-84242-000-0
225 pages

22.00 €
 
  • Présentation

 

« Kafka craignit toujours de périr de la vérité, de la seule vérité qu’il connaissait, qui était d’avoir foi en son engagement en tant qu’écrivain. Qu’est-ce que cela peut bien signifier d’avoir foi en l’alliance, non pas entre Yahvé et le peuple juif, mais entre le fait d’écrire et un écrivain ? Gregor Samsa est un solitaire (son nom de famille peut se traduire du tchèque par “je suis seul”), un voyageur de commerce, et une sorte de paria ou de proscrit, au moins selon sa propre vision tourmentée. Sa célèbre métamorphose en une sorte d’énorme insecte s’accomplit dans la première phrase de l’histoire. Le sort de Gregor est certain mais sans espoir ; il y a plein d’espoir, pour l’écriture comme pour Dieu, mais aucun pour Gregor. La loi, qui est l’état de choses, y compris l’énorme dette de ses parents vis-à-vis de son employeur, est essentiellement une compulsion universelle de répétition. Aucune ironie, si habilement maniée qu’elle soit, ne peut représenter la compulsion de répétition comme la Loi des Juifs. L’employeur de Samsa n’est donc pas Yahvé mais une autre version du Démiurge gnostique, qui gouverne le vide cosmologique dans lequel nous habitons.

Le seul désir furieux de commander que connaissait Kafka était son désir implicite de ne pas être interprété. Il ne peut y avoir de cohérence ultime à mon interprétation gnostique (ni à celle de Scholem, ou de Benjamin, ou de Heller, ou de quiconque) parce que Kafka refuse la quête gnostique d’un Dieu étranger, de sa propre étincelle ou pneuma rejoignant l’abîme originel quelque part hors de ce monde… »

 

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