Au point de départ, l'idée du meurtre dans la pensée freudienne : le meurtre de Totem et Tabou - repris par Freud dans d'autres écrits - fondateur, dans cette œuvre, de la vie sociale, de la morale, de la religion, de la « culture ». Il s'est avéré depuis que Freud avait avancé là, véritablement, une « autre idée » du meurtre, qui avait modifié la plupart des questionnements sur le sujet. Nous avons souhaité, comme nous le faisons pour d'autres concepts fondamentaux de la psychanalyse, surtout lorsqu'ils concernent bien d'autres champs de la pensée, faire retour sur cette idée et nous interroger sur l'état des lieux. On trouvera donc dans ce numéro diverses approches du meurtre, de la mise à mort, du rapport entre l'acte et l'idée : du suicide à la tuerie, du crime au massacre, de l'assassinat à l'attentat contre la pensée, le psychisme, la langue. Sans renier la place désormais centrale du meurtre fondateur, celui du père, on en passera ici par la question des frères, laissée en friche depuis Totem et Tabou, par celle du massacre des enfants, par la place des mères, par la dimension meurtrière de l'interprétation en psychanalyse. Le questionnement se démultiplie et se densifie. Pourquoi l'idée de meurtre et non le meurtre ? A cause de l'insistance d'une réalité que de toute part il a fallu, impérativement, penser. Et aussi parce que, comme on le lira dans le premier article de ce numéro, " la passion du meurtre est [elle-même] pénétrée de pensées et d'arrière-pensées ".