PENSER LE THEÃTRE
Présentation
Quelque chose est en train de changer dans les manières de pratiquer les arts vivants, d’en faire comme d’en voir, à tel point que l’on peut se demander si les vocables utilisés jusqu’alors pour définir ces activités-là, si particulières, offrent encore la possibilité d’en parler. Car, la représentation d’une histoire fictive, le conflit entre personnages et le déroulement destinal qu’ils impliquent n’intéressent plus les spectateurs dans la salle, ni non plus les acteurs, danseurs, performeurs ou acrobates sur la scène. Le regard des uns et le travail des autres ne se portent plus sur la représentation. Il est dirigé vers la présentation. L’attention s’attache à ce qui se présente – à ce qui a lieu, ici et maintenant, aux façons de faire que quelque chose ait lieu, hic et nunc, réellement, vaille que vaille, et pour chacun : tout à la fois que ça ait lieu différemment pour chacun et que ces différences arrivent ensemble, ensemble et différentes.
Les pratiques scéniques d’aujourd’hui sont multiples, dans leurs factures, leurs dynamiques et même dans leur absence d’intentions imposées. Quels mots, quels concepts utiliser pour décrire, comprendre et aussi apprécier ces bouleversements et cette diversité ? Que dire pour l’accomplir ? Que dire pour s’en réjouir ?
Dans quelles mesures l’expression théâtre du présenter concerne-t-elle aussi les autres arts qu’on ne dit pas vivants et qui pourtant y participent ?
Le théâtre ne serait-il pas sur le point de devenir le parangon des arts ?