« Mes poèmes (au début) sont comme une table sur laquelle on pose des objets intéressants qu’on a trouvés au cours de promenades : un caillou, un clou rouillé, une racine de forme étrange, le coin d’une photographie déchirée, etc. Après des mois de contemplation et de réflexion quotidienne, certains rapports surprenants, qui laissent pressentir des significations, commencent à se dessiner.

Ces objets trouvés de la poésie sont bien évidemment des bribes de langage. Le poème est le lieu où l’on entend ce que le langage dit en vérité, où la signification pleine et entière des vocables se fait jour.

Non, ce n’est pas tout à fait exact ! L’important, ce n’est pas tant ce que les mots signifient, que ce qu’ils désignent et révèlent. Le littéral conduit au figuratif, et chaque figure poétique valable recèle un théâtre où une pièce se déroule, une pièce sur les dieux et les démons et sur le monde dans sa déroutante présence et diversité. » (Charles Simic, Notes sur la poésie et la philosophie)