ESSAIS
Présentation
Du même auteur
Aujourd'hui la mimesis quotidiennement produite et diffusée par nos systèmes de représentations — presse et télévision, audiovisuel en général — ne nous semble pas relever d'un art particulier.
Ce sentiment, qui implique l'idée d'une séparation entre l'art et l'industrie, ne va pas de soi. Il s'établit de manière paradoxale sur les restes d'un régime de prescription de la pensée dont les fondements remontent au moins à la Poétique d'Aristote. Ce régime aura organisé toute une politique de l'image, politique qui ne s'est défendue qu'en suscitant un différend esthétique. Ce différend touche à la matière même de la perception et des œuvres, il affecte les valeurs esthétiques respectives de la temporalité et de la spatialité, de la musicalité et de la plasticité, de l'écoute et du regard. Il ne partage pas seulement l'art : il contraint toute la capacité humaine à produire, il détermine la représentation de la technique, son inscription dans la culture. A vrai dire, il met l'humanité en porte-à-faux avec l'une des conditions majeures de son existence.
En impliquant tour à tour critiques d'œuvres et théories de l'art, ce livre établit la possibilité de réévaluer la structure et les instances de la relation de l'art à la technique. A l'époque des studios et des appareils d'enregistrement, il permet de poser à nouveau la question de ce qui fait exister — et pas seulement vivre — l'humanité. Il s'agit aussi, au regard de l'avancée de la puissance économique, de réévaluer les instances fondées à régler