ROMANS, PROSES
Giambattista Basile
Le Conte des contes
Traduit du napolitain par Françoise Decroisette
ISBN : 978-2-84242-385-8
478 pages
25.90 €
Présentation
Écrit en langue napolitaine, sous l’anagramme Gianlesio Abbattutis, autour de 1625, et édité, posthume, en 1634-1636, Lo cunto de li cunti de Giambattista Basile n’a jamais fait l’objet d’une traduction intégrale en français. Il s’agit pourtant de l’une des productions majeures de la littérature européenne du xviie siècle. Il peut être considéré comme un recueil de contes pour enfants, ainsi que son sous-titre l’indique et l’on peut tenter de rechercher quelle inspiration les contes du Napolitain avaient pu fournir à Perrault ou à Grimm.
D’autres critiques, comme Italo Calvino, hésitent à inclure Basile dans ce patrimoine, préférant souligner la richesse de l’invention métaphorique et le délire de l’imagination voyageant du « sublime au sordide ». Ainsi selon Calvino « le Conte des contes est le rêve d’un Shakespeare napolitain difforme, obsédé par tout ce qui est effroyable, n’ayant jamais son compte de sorcières et d’ogres, fasciné par les images alambiquées et grotesques, où la vulgarité se mêle au sublime ». Et sans doute ont-ils raison. Mercenaire à la solde de la Sérénissime République de Venise, académicien, courtisan au contact des centres culturels les plus prestigieux d’Italie, Venise d’abord, et Mantoue où sa sœur, la chanteuse Adriana Basile régnait en diva, poète dilettante et gouverneur de fiefs provinciaux aux environs de Naples, Basile est un « aventurier de la plume ».
Le Conte des contes n’est pas seulement un conte (celui de la princesse Zoza, que Lucia, l’esclave mauresque aux jambes de sauterelle, dépossède du prince qu’elle a ressuscité par ses pleurs) qui engendre d’autres contes (ceux que les femmes racontent à Lucia à qui Zoza a donné l’envie irrépressible d’entendre des histoires), c’est un monument narratif qui orne et enrichit les structures élémentaires du merveilleux d’une expérience d’artiste et d’homme.
Partant de la structure traditionnelle des nouvellistes antérieurs (ici cinq journées au cours desquelles dix femmes difformes racontent des histoires à une petite cour magique dont la princesse est sur le point d’accoucher), il la transgresse, par le merveilleux, par la langue napolitaine qu’il enregistre et magnifie, par la parodie et la destruction du récit-cadre traditionnel, par l’auto-dérision enfin.